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Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/65

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XIIe siècle. Premiers désastres.

des blocs énormes de pierre et des quartiers de roc, descendit des hauteurs voisines avec une effrayante rapidité et vint se ruer sur le petit ermitage de Chartreuse. L’avalanche envahit le cloître des religieux, renversa toutes les cellules, à l’exception d’une seule[1], en entraîna plusieurs au loin et couvrit tout le terrain d’une montagne de décombres. Sept religieux furent écrasés et ensevelis sous une couche profonde de terre et de neige. »

En un moment tout est anéanti : plus de cloître, plus de cellules, plus de communauté ; sur une douzaine de religieux (peut-être moins[2]), sept sont morts et les autres ont des blessures graves. Quelle catastrophe ! quelle désolation pour le pauvre Prieur ! il a vu tout disparaître en quelques instants !


Les chemins étaient alors si impraticables et les neiges si abondantes, que les habitants des villages voisins n’apprirent la triste nouvelle et ne purent venir au secours des Chartreux que douze jours après ; Guigues, avant tout, voulut se donner la consolation de retrouver les corps de ses infortunés confrères. Les travailleurs se mirent à l’œuvre, et voici dans quel ordre ils les découvrirent : Guillaume, moine ; Pierre, moine et prêtre ; Nicolas, moine ; Jean, novice ; Isard, moine et prêtre[3]. « Le dernier religieux que l’on retira

  1. Brevis Historia, p. 64. D’après la tradition, la cellule restée debout était celle qu’avait habitée saint Bruno.
  2. Consuetudines, cap. LXXVIII, 1.
  3. Obituaire de la Grande Chartreuse, Mss.