Page:Boutrais - La Grande Chartreuse (Nouvelle édition refondue et mise à jour), 1930.djvu/70

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 50 —

XIIe siècle. Reconstructions.

Dom Le Masson, au lieu de restaurer avec soin cette église qu’il décrit si bien, la renversa presqu’entièrement ; la partie occupée par le sanctuaire est devenue la cellule du sacristain, une nouvelle voûte intermédiaire a été bâtie sur le modèle des arceaux du cloître des Officiers, c’est assez dire que ce vénérable monument n’a plus aucun caractère : un grand souvenir s’y rattache, et pas autre chose ; il n’en reste rien, à l’exception de deux travées de la voûte primitive perdues au fond d’une sacristie ; sont-elles même de l’époque ?

Une remarque au sujet de la sacristie. Plusieurs Guides aiment à répéter qu’ils ont vu à la Grande Chartreuse des ornements sacrés du plus haut prix ; il faut alors que ces ornements n’existent plus. Les chasubles sont propres, mais simples, excessivement simples, comme il est facile de s’en convaincre par celles que nous mettons aux grands jours de fête. Ce qu’il y a de plus précieux au trésor de la sacristie, est une petite étole de grosse toile blanche qui fut à l’usage de saint Hugues de Lincoln ; « on y conservait encore avant la Révolution trois anciennes chasubles du temps de Guigues, si grandes qu’elles venaient jusqu’au bout des doigts ; toutes étaient en toile de basin blanc. Dom Sacristain avait des croix d’étoffe de laine de couleur unie qu’il changeait selon le temps, sur la même chasuble, et pour la blanchir, il ôtait la croix et mettait la chasuble à la lessive[1] ». On voit par ce détail que l’adage litur-

  1. Souvenirs de Dom Ephrem Coutarel. — Nos Statuts supposent, en effet, qu’on lavait les chasubles. (Ordinarium