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Le Philosophe allemand Jacob Boehme[1]


« Gott ist von der Natur frei und die Natur ist doch seines Wesens. »
J. BOEHME, Vom dreifachen Leben des Menschens, 16, 37 (Boehme’s Werke, édit. Schiebler, t. IV, p. 249).


I


Ce n’est pas l’usage, même en Allemagne, d’assigner au cordonnier théosophe de la Renaissance, Jacob Boehme, une place importante dans l’histoire de la philosophie. On reconnaît en lui, avec Hegel, un esprit puissant ; mais, quand on accorde que de son œuvre obscure et confuse se dégage un certain nombre de doctrines à peu près saisissables pour l’intelligence, on range ces doctrines du côté de la théologie et de l’édification chrétienne, plutôt qu’on n’y voit des monuments de la science profane et rationnelle. Une telle appréciation est naturelle en France, où la philosophie,

  1. Travail lu devant l’Académie des Sciences morales et politiques en 1888 et publié dans le compte rendu de cette académie.