Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/107

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s. [102] Est-ce encore la nécessité et rien d’autre qui supporte ces lois d’un aspect nouveau ? La science ne dit ni oui ni non, puisqu’en réalité elle ne ramène nullement les lois biologiques aux lois mécaniques. Nous sommes ici livrés aux intuitions de notre esprit. Si nous croyons que le mot progrès n’a véritablement qu’un sens relatif, et qu’au fond tout se vaut, nous croirons que la matière doit avoir produit la vie, laquelle, dans ce cas, n’est qu’un mot. Si nous croyons que le progrès de l’organisation a une valeur absolue, nous attribuerons aussi une valeur à l’intelligence humaine, qui veut que le bien soit une fin, et il ne nous en coûtera pas plus de voir dans la nature, d’où l’homme doit sortir, un acheminement vers la nature humaine, que de voir dans l’homme, issu de la nature, un assemblage d’éléments matériels. Si donc, avec la biologie, le déterminisme se resserre, de moins en moins il coïncide avec la nécessité et le mécanisme. C’est l’erreur de la philosophie contemporaine d’avoir confondu nécessité et déterminisme.