Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/20

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l’attribut ? Est-ce une relation de détermination ? Ainsi le jugement Paul est homme signifie-t-il que l’humanité est une matière dont Paul est une spécification ? Entendre ainsi le jugement, c’est retomber dans les notions métaphysiques et obscures de puissance et d’acte, de forme et de matière. Dira-t-on que l’attribut est extrait analytiquement du sujet ? Mais ce n’est là qu’une image sensible, obscure pour l’entendement. Enfin le syllogisme prête, lui aussi, à des objections qui n’ont jamais été clairement réfutées : tautologie ou cercle vicieux, tels sont les deux écueils où il se heurte. Tous les hommes sont mortels, — cette majeure implique la conclusion. Tout homme est mortel, — cette expression fait disparaître le cercle vicieux ; mais le mot Tout, qu’il exprime une essence métaphysique ou l’existence d’un genre, soulève des difficultés insolubles. D’une manière générale, la logique syllogistique suppose la distinction de l’implicite et de l’explicite, laquelle ne peut être tirée au clair. Donc, non seulement les lois de la logique syllogistique renferment quelque chose de plus que les lois de la logique pure, mais encore, dans une certaine mesure, elles s’en écartent.

Quelle est maintenant l’origine de la logique aristotélicienne ? Cette origine n’est pas entièrement a priori, puisqu’on ne peut pas la résoudre exactement dans la logique pure. Faut-il dire, avec tes empiristes, qu’elle est entièrement a posteriori ? Soutenir cette doctrine, c’est dire qu’à proprement parler il n’y a pas de lois syllogistiques, mais seulement des lois particulières applicables à l’avenir dans la mesure où elles sont prouvées par l’expérience et l’induction. Telle est l’opinion de Stuart Mill. Avec une conséquence parfaite, H. Spencer soutient qu’il n’existe en réalité que des