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raisonnements par analogie et pas de syllogismes. Cependant, peut-on leur répondre, cette syllogistique représente exactement le procédé de raisonnement de la conscience réfléchie. En fait, on ne peut s’en passer, et elle est impliquée, quoi qu’on fasse, dans toute démonstration qui entraîne notre conviction. Il est vrai qu’elle ne possède pas la complète évidence de la logique pure, mais elle y participe ; elle n’est donc pas entièrement a posteriori ; elle parait bien plutôt être un mélange d’a priori et d’a posteriori. L’esprit humain, dirons-nous, porte en soi les principes de la logique pure ; mais, comme la matière qui lui est offerte ne lui parait pas exactement conforme à ces principes, il essaie d’adapter la logique aux choses, de façon à entendre celles-ci d’une manière aussi voisine que possible de la parfaite intelligibilité. La logique syllogistique peut donc être considérée comme une méthode, un ensemble de symboles par lesquels l’esprit se met en mesure de penser les choses, un moule dans lequel il fera entrer la réalité pour la rendre intelligible. C’est en ce sens que nous répondrions à la question de la nature et du degré d’intelligibilité des lois logiques.

Quant à la question de l’objectivité des lois logiques, il peut paraître, au premier abord, inutile de la poser, car rien ne semble plus certain ni plus incontestable. Cependant la logique a été plus d’une fois attaquée aussi bien que célébrée. Sans doute, c’est faire à une personne un reproche grave que de lui dire qu’elle manque de logique, et l’on admire d’ordinaire les hommes capables d’organiser une grande masse de matériaux suivant le type des principes d’identité et de contradiction. Mais, parfois aussi, on blâme ceux qu’on dit être entêtés de logique et de systématisation : tout système, dit-on, est factice ; cher-