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VI

LES LOIS PHYSIQUES.


Nous avons vu que l’expérience intervient comme élément essentiel dans l’établissement des lois mécaniques. D’autre part, ces lois ont une forme rigoureusement mathématique. Si elles pouvaient réaliser exactement, sans sacrifice de part ni d’autre, la synthèse du rationnel et de l’expérimental, elles exprimeraient un déterminisme véritablement nécessaire. Mais les deux éléments y sont moins fondus que juxtaposés : ce qu’il y a de mathématique dans les lois mécaniques ne s’applique pas exactement à la réalité, et ce qu’elles renferment d’expérimental reste inconnu dans sa nature et dans sa cause. Quoi qu’il en soit, l’accord des mathématiques et de l’expérimental est, dans les lois mécaniques, assez voisin de la coïncidence pour que ces lois soient, dans la pratique, l’exemplaire le plus parfait que nous possédions de la détermination nécessaire. Nous allons aujourd’hui étudier les lois physiques et chercher si elles ne sont qu’un cas particulier de la détermination mécanique, ou si elles ont leur originalité et leur signification propre.

Le premier sentiment de l’homme fut de considérer les qualités physiques que nous révèlent nos sens comme inhérentes aux corps eux-mêmes ; il est clair qu’ainsi envisagés, les phénomènes physiques ne se peuvent ramener aux phénomènes mécaniques. Le