Page:Boutroux - L’idéal scientifique des mathématiques.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

traire, un enseignement précieux si, à la lumière de cette expérience, il interprète les idées d’autres spécialistes, représentant divers aspects ou différentes phases de la pensée scientifique.

En d’autres termes, qu’il s’agisse de l’époque présente ou qu’il s’agisse du passé, il n’est, pour l’étude des problèmes que nous avons énoncés plus haut, qu’une seule méthode applicable, et cette méthode est la méthode historique. Puisque, sur les questions en litige, les témoignages individuels des savants sont presque toujours trop subjectifs, et en outre trop rares pour la période passée, il ne nous reste qu’à essayer de grouper ces témoignages, de manière à suppléer à l’insuffisance de chacun d’eux par la considération de l’ensemble et par la comparaison des uns et des autres. Ainsi c’est dans l’histoire des sciences, convenablement étudiée, que nous avons le plus de chances de découvrir les fondements et la direction de la pensée scientifique.

L’histoire des sciences ainsi entendue est à égale distance de l’observation psychologique individuelle et de la systématisation philosophique. Elle est donc la préface naturelle de la philosophie des sciences. Mais, restant placée dans le domaine objectif de l’œuvre scientifique, elle sera, croyons-nous, également instructive pour le pur homme de science et principalement pour celui qui cultive les sciences abstraites. En effet, si les créateurs de génie peuvent se fier, pour guider leurs recherches, à leur flair et à l’inspiration instinctive dont nous par-