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CHAPITRE VII


DERNIÈRES ANNÉES. — LA ROULETTE


Le miracle de la Sainte Épine, survenu pendant la lutte avec la Société de Jésus, avait fortement touché Pascal. Il y avait vu la marque des desseins de Dieu sur lui. Son zèle déjà grand pour la conversion des pêcheurs et des incrédules en fut accru. Et comme il savait maintenant à quel point l’esprit du siècle peut régner dans l’Église elle-même, il fut plus exact que jamais à recommander autour de lui le pur esprit de l’Évangile.

Le miracle même dont il avait été témoin fit de lui l’instrument d’une conversion remarquable. Parmi les personnes qui vinrent alors à Port-Royal faire leur dévotion devant la Sainte Épine se trouvait Mlle de Roannez, sœur du duc de Roannez, que Pascal connaissait depuis 1660, et qu’il avait converti peu de temps après sa propre conversion définitive. Elle avait vingt trois ans. Elle était tout à fait dans le monde. Touchée de la grâce, elle eut l’idée de se faire religieuse. Elle s’en ouvrit à quelques personnes de Port-Royal, peut-être tout