Page:Boutroux - Pascal.djvu/18

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opinion, qui n’est pas hors de vraisemblance, veut que la cause soit une attraction mutuelle entre les corps, produite par un mutuel désir de s’unir ensemble. Comment juger la question ? Le seul moyen est d’examiner les conséquences expérimentales des trois hypothèses. Par exemple, si la pesanteur est une qualité qui réside dans le corps même, un corps grave devra peser toujours autant, qu’il soit loin ou près du centre de la terre. Cette conséquence, ainsi que celles qui se déduisent des autres hypothèses, doit être confrontée avec les faits. Nous ne pouvons, en ces matières, admettre d’autres principes que ceux dont l’expérience, aidée d’un bon jugement, nous a rendus certains.

Un événement scientifique qui dut frapper le jeune Pascal fut la publication des Essais philosophiques de Descartes, en 1637. L’ouvrage était attendu avec impatience par les savants. Roberval et Étienne Pascal paraissent avoir donné peu d’attention au Discours de la Méthode, qui en formait l’introduction. Ils jugèrent qu’il y avait dans la Dioptrique et les Météores des opinions particulières assez clairement déduites. Mais déduction pour eux n’était pas démonstration. L’auteur, disaient-ils, se trouverait bien empêché, si on le mettait en demeure de prouver ce qu’il avance. Les conceptions de l’esprit n’avaient de valeur que si l’on en pouvait tirer des conséquences véritables par l’expérience. L’hypothèse qui ne servait qu’à satisfaire la fantaisie métaphysique était chose méprisable.

Le troisième traité philosophique contenu dans les Essais philosophiques de Descartes fut l’occasion