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d’un vif débat entre Descartes d’une part, Roberval et le président Étienne Pascal d’autre part. Fermat ayant adressé à Descartes, sans se nommer, son De maximis et minimis, qu’il considérait comme comblant une lacune grave dans la géométrie du philosophe, celui-ci critiqua sévèrement l’ouvrage. Roberval et Étienne Pascal se firent les champions de Fermat, et il s’ensuivit une polémique assez vive, dans laquelle Descartes le prit sur un ton tour à tour plaisant et hautain. Ses adversaires cherchèrent moins à le comprendre qu’à le trouver en défaut. On était en défiance à son égard dans cette compagnie, malgré l’admiration si franche que le P. Mersenne professait pour son génie.

Dans une telle atmosphère, les facultés du jeune Pascal se développèrent rapidement. Il devint surtout habile dans les mathématiques et la physique. Il acquit le sens des démonstrations rigoureuses et de la convenance de la méthode avec la chose à démontrer. Il comprit comment on prouve, soit en mathématiques, soit en physique, et que la certitude ne peut venir que de l’accord de nos idées, non avec notre esprit, mais avec les choses.

En matière littéraire, Pascal parvint à une connaissance très suffisante du latin. Le lire et l’écrire ne lui causaient aucun embarras. Il paraît avoir su assez de grec pour confronter une traduction avec le texte. Sans doute aussi il fut capable de lire un livre italien. Il ne cultiva pas avec son père la littérature ancienne et moderne. Ce qu’il en connut lui vint de lectures qu’il fit plus tard. Il avait d’ailleurs pris l’habitude de méditer sur ce qu’il lisait, bien