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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/123

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possible. Combien cette obligation n’est-elle pas plus grande, s’il est vrai, comme il est impossible de le nier, que le plus souvent on trouve les enfants vivants ?

2o C’est aux femmes enceintes, surtout aux sages-femmes, aux chirurgiens et généralement à ceux qui président aux accouchements, que les curés et les confesseurs doivent montrer la nécessité et l’obligation grave de faire l’opération césarienne sur le cadavre d’une femme morte, et cela le plus tôt possible. Il ne faudrait cependant pas l’omettre, parce qu’elle aurait été différée longtemps et sans nulles précautions : on a tiré des enfants vivants du sein de leur mère 24 heures, et d’autres 48 heures après qu’elles étaient mortes.

3o Il faut quelquefois démontrer cette même obligation, par l’exposé des motifs sur lesquels elle est fondée, à des parents déraisonnables, qui, absorbés dans leur douleur, ne veulent pas permettre qu’on ouvre la femme morte.

4o Si, malgré tout ce qu’on peut dire, les parents s’obstinent à ne pas vouloir qu’on fasse l’opération, nous n’avons point de voie de coaction pour agir contre leur volonté, toute injuste qu’elle est : il ne nous reste, dans ce cas, qu’à abandonner l’enfant aux soins de la Providence. Si toutefois on pouvait persuader aux personnes qui doivent garder ou ensevelir la défunte d’en faire secrètement l’ouverture, pour essayer de sauver l’enfant, ce moyen pourrait être tenté, mais il demanderait les plus grandes précautions.


VIIIe QUESTION

QUI DOIT FAIRE L’OPÉRATION CÉSARIENNE SUR UNE FEMME MORTE ?


Il ne faut rien négliger pour obtenir que ce soit un homme de l’art qui la fasse. À son défaut, ce doit être une sage-femme, ou bien une autre femme, ou un homme marié, ou enfin, dans la nécessité, une personne quelconque, mais jamais un prêtre, surtout s’il est jeune : le respect dû à son caractère et la crainte des propos qu’on pourrait tenir, lui prescrivent cette réserve.

Par les mêmes motifs, il ne doit pas être témoin de l’opération ; s’il est sur les lieux, qu’il se tienne à l’écart et vienne seulement, lorsque la femme sera décemment couverte, baptiser l’enfant, au cas qu’il y ait raison de le faire.

2o Souvent il est difficile d’acquérir la certitude que la femme soit réellement morte. La première chose à faire est donc de s’assurer du fait et de bien constater la mort.

Depuis quelques années, le ministère public a plusieurs fois poursuivi et fait condamner à l’amende des personnes qui avaient fait cette opération avec de grandes précautions, sous prétexte qu’elles avaient indument pratiqué un acte de chirurgie.

Note du rédacteur. « Généralement les théologiens établissent comme précepte, pour tous les prêtres, jeunes ou vieux, l’obligation de pratiquer eux-mêmes l’opération césarienne, en l’absence d’un homme de l’art ou d’une personne compétente, sur les femmes enceintes mortes avant d’être délivrées, pour retirer le fœtus des entrailles et le baptiser. Cette opinion prédomine dans une foule de pays et diocèses catholiques.

« Ainsi, le clergé ne s’arrête ni devant la mort, ni devant le crime, sous prétexte de sauver une âme qui existe à l’état problématique ; et, bien que la science se déclare impuissante à reconnaître par des indices certains la mort réelle d’un individu, sauf par un commencement de putréfaction du cadavre, un tonsuré, jeune ou vieux, n’ayant aucune connaissance en médecine, devra décider — sur de simples apparences — qu’une femme a cessé d’exister ; et, de par l’autorité dont il est investi par son évêque, il commandera à une personne quelconque, suivant les prescriptions de Monseigneur Bouvier, d’éventrer la femme !

« Dans certains diocèses, hors de la juridiction de l’auteur du Manuel des Confesseurs, le prêtre, se conformant au précepte formulé par la plupart des théologiens, devra procéder lui-même à l’opération césarienne, s’armer d’un rasoir ou d’un couteau, et le plonger dans les entrailles de la morte… ou de la victime ! Le prêtre sera devenu assassin, pour obéir à son évêque et aux prescriptions de l’infâme religion catholique, si la femme n’était réellement pas morte, comme le cas s’est présenté plusieurs fois et dans différents pays ! Monseigneur Bouvier a prévu cette éventualité, et, à la Question IXeme, il indique les précautions qu’on doit prendre dans l’éventrement, si par hasard la femme vivait encore !!! Horreur, abomination !

« L’évêque se pose en professeur de chirurgie, sans avoir les notions les plus élémentaires de cette science, et il pousse l’audace jusqu’à faire un cours de pathologie chirurgicale à l’usage des curés et vicaires aussi ignorants que lui en cette matière. »


IXe QUESTION

COMMENT DOIT SE FAIRE L’OPÉRATION CÉSARIENNE ?


1o Les hommes de l’art veulent qu’on fasse l’incision sur le côté qui paraît le plus éminent, en long et non en travers, parce qu’on arrive plus directement à la situation de l’enfant, et parce que, si par hasard la femme vivait encore, la plaie se refermerait plus aisément.

2o L’incision doit avoir six ou sept pouces de long : il faut couper les chairs, ranger les entrailles, si on les rencontre, arriver à la matrice et l’ouvrir doucement, de peur de blesser l’enfant. Lorsque la matrice est suffisamment ouverte, il faut baptiser l’enfant avec de l’eau tiède avant de l’en tirer, de peur que le contact de l’air ne le tue puis on le tire, on déchire ses enveloppes avec les mains, et s’il ne présente pas des signes évidents de mort, il faut le baptiser de nouveau sous condition.

3o Les chirurgiens ont des instruments propres à ces sortes d’opérations : les autres personnes n’en ayant pas, doivent se servir de tout objet tranchant qu’elles auront sous la main et qui leur paraîtra le