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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/15

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diurnes ou noctunes, à l’état de sommeil ou à l’état de veille !

Descriptions de la sodomie et de la bestialité !

« Plusieurs théologiens, d’après Sa Grandeur, décident que le pénitent doit avouer, si dans l’acte sodomique il a été agent ou patient, parce que la pollution volontaire est plus coupable que la participation à celle d’autrui ; et une femme qui agit est bien plus criminelle que l’homme qui supporte son action. Tous les théologiens, ajoute le prélat, nous parlent du coït avec le démon ayant pris, soit réellement, soit dans l’imagination, la forme d’un homme, d’une femme ou d’une bête. Ce péché doit être avoué dans toutes ses circonstances, à cause de sa gravité, provenant surtout d’un pacte avec l’enfer. Le crime serait encore plus grave s’il était entaché de sodomie ou d’inceste avec le démon. »

Ces énormités se trouvent dans la première partie du Manuel des confesseurs.

Vient ensuite le traité du mariage. L’auteur n’omet aucun détail sur cette matière : Tous les cas possibles sont prévus et jugés. D’après Monseigneur Bouvier : Pour être agréable à Dieu, il faut accomplir le devoir conjugal en pleurant et priant ; un mari véritablement chaste ne doit ni passer sa main dans le corsage de sa femme, pendant le jour, ni lever sa chemise au lit.

Il faut se résoudre à vivre comme frère et sœur, si le mari ou la femme se trouve impuissant ;

Une femme doit, même au péril de sa vie, refuser l’acte conjugal, si le mari ne l’accomplit pas selon toutes les règles ;

Une femme condamnée à mort par les médecins dans le cas où elle donnerait le jour à un enfant, doit ou s’abstenir de l’acte conjugal ou bien l’accomplir dans toutes ses prescriptions, c’est-à-dire ne jamais permettre à son conjoint de répandre la semence dans le vide, à l’exemple du personnage biblique Onan.

Ce code d’immoralité a pour couronnement un abrégé — français — d’embryologie donnant la solution de quelques difficultés, touchant le baptême des enfants nés avant terme ou qui ne peuvent naître naturellement. Le prélat crossé et mitré termine son élucubration par un traité de l’opération césarienne, opération généralement prescrite par les théologiens aux jeunes prêtres, malgré les défenses et les textes du code pénal, cette opération étant expressément du domaine chirurgical.

Ainsi, dans certain cas, sous prétexte du salut de l’âme d’un enfant, un jeune prêtre doit ouvrir le ventre d’une femme pour en extraire le fœtus et le baptiser. Horreur !…

Tel est ce livre dont nous publions la traduction en langue vulgaire, malgré nos répugnances. Nos lecteurs pourront suivre attentivement dans leur amphithéâtre ces professeurs sacrés, qui se flattent de posséder le monopole de l’enseignement moral. Ils pourront se convaincre que les prêtres catholiques, malgré leur vœu de célibat, surpassent en science de lubricité les plus éhontés libertins.

Pour prévenir tout reproche d’inexactitude dans la traduction, nous avons placé le latin au bas de chaque page, afin que le lecteur puisse vérifier les textes. L’ouvrage de Monseigneur Bouvier a été reproduit fidèlement, depuis le premier mot jusqu’au dernier, sans y rien ajouter, sans en rien retrancher.

Maintenant, si les curés crient au scandale ! nous répondrons : Malheur à celui par qui le scandale arrive ! Ne sont-ils pas les seuls coupables ? Ce code d’immoralité n’est-il pas l’œuvre d’un prélat, signalé même par les princes de l’Église, comme l’un des plus savants parmi les prélats et l’un des plus recommandables parmi les docteurs ?

N’est-ce pas un évêque qui a saturé son esprit de turpitudes sans nom, qui les a écrites, qui les a fait imprimer, qui les a répandues dans les séminaires, dans les couvents, dans les sanctuaires, enfin qui en a rempli le monde catholique ?

La responsabilité du scandale et du mal fait aux âmes doit retomber de tout son poids sur le clergé.

« Cet ouvrage est écrit en latin, répondrez-vous, prêtres hypocrites, et il est rigoureusement recommandé de ne le vendre qu’aux ministres des autels. »

Mais, ce manuel des confesseurs, véritable arsenal d’obscénités, considéré par vous comme si dangereux pour les gens du monde, est-il sans péril pour les jeunes lévites du sacerdoce ?

Si quelqu’un doit être tenu en dehors de telles abominations, n’est-ce pas le prêtre, à cause de ses fonctions sacrées ?

C’est pourtant un prélat qui vient initier les séminaristes à des mystères de libertinage qui sont exclusivement du domaine des lupanars.

Dans les grands séminaires, vantés comme des écoles de haute sagesse, on affecte de préconiser la chasteté comme la vertu inhérente au sacerdoce ; et en même temps, par une étrange contradiction, on jette en pâture à la jeune imagination des élèves, l’abominable livre de l’évêque du Mans, l’initiateur à la science du mal.

« Cette science, ajoutez-vous, prêtres imposteurs, est nécessaire, indispensable au tribunal de la pénitence pour la guérison des âmes. »

Mensonge ! car, d’après vos maximes « il est défendu d’opérer le mal, même en vue d’un bien. »

Hypocrites ! vous ajoutez que la fin justifie les moyens, et que, pour le salut des âmes, les curés ne doivent rien ignorer en matière de lubricité.

Sophisme et tromperie ! avec vos théories jésuitiques, vous ne donnerez pas le change aux esprits clairvoyants.

Vous savez bien que les gens crédules, les hommes simples, les femmes et les jeunes filles surtout, qui ajoutent foi aux dogmes catholiques et qui vont s’agenouiller dans le confessionnal, s’attendent à y trouver le représentant de Dieu, un ange plutôt qu’un homme, une pure émanation de la divinité. Mais la vérité ne tarde pas à leur apparaître : devant vos premières questions, le voile tombe, le prêtre se montre tel que l’a fait l’étude du livre de Monseigneur Bouvier ; l’ange se transforme en démon tentateur ; le confessionnal s’emplit de senteurs acres et nauséabondes ; le bouc est en rut ! Votre science est funeste : elle a corrompu le prêtre, et la