Aller au contenu

Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vrer une fois à la pollution, il n’y aurait pas de raison pour ne pas recommencer, et c’est ce qu’on ne peut admettre. De plus, on est exposé par le plaisir qui est inséparable de la pollution volontaire, au danger d’en contracter l’habitude ; et nous établirons plus loin que c’est une grave faute de se livrer à une pareille habitude, à cause des fâcheux résultats qu’elle entraîne. La pollution, en dehors de l’union naturelle, est donc évidemment un acte contre nature, et les païens eux-mêmes l’ont reconnu par ces vers de Martial, Epig. 42 :


Crois-moi, la nature elle-même t’apprend la vérité :
Ce que tu rejettes à l’aide de tes doigts, Pontice, c’est un homme.


D’où on doit conclure qu’il n’est jamais permis d’exciter directement la pollution, même quand il s’agit de conserver la santé ou la vie, car, pratiquée même dans ce but, la fornication est un acte illicite ; et la comparaison faite par Caramuel de la semence humaine avec le sang, le lait, l’urine et la sueur n’a pas de valeur, puisque la destination de l’une est tout à fait différente de celle des autres. On ne doit pas non plus se baser sur ce qu’il est quelquefois permis de pratiquer la saignée, ou d’amputer un membre et même les vases spermatiques (sic), car le sang et les membres sont subordonnés à la santé de l’individu, et peuvent être enlevés dans le but de la conserver. La semence, au contraire, n’a pas été créée en faveur de l’individu, mais bien pour la conservation de l’espèce. Du reste, une saignée ou une amputation ne peuvent entraîner aucun danger, et on ne saurait en dire autant de la pollution.


§ II. — De la pollution volontaire dans sa cause


On distingue ordinairement deux causes de pollution : une prochaine et une éloignée. Les causes prochaines tendent par elles-mêmes à la pollution, comme les attouchements des parties génitales sur soi ou sur autrui, les regards que l’on porte sur elles, les paroles obscènes ou amoureuses et les pensées honteuses.

Les causes éloignées influent d’une manière moins directe sur la pollution ; ce sont les excès dans le boire et le manger, l’étude des questions vénériennes, la confession, etc.

Ces causes peuvent être licites, véniellement ou mortellement mauvaises ; aussi peuvent-elles, de près ou de loin, influer sur la pollution.

Il est certain : 1o que celui qui, volontairement, même pour un instant, sans intention et pour une cause accidentelle, se complaît à la pollution, pèche mortellement. C’est ce que personne ne niera.

2o Il en est de même de celui qui fait une action influant directement sur la pollution, en touchant ou regardant amoureusement sur soi ou sur autrui les parties qui doivent rester voilées et qui paraît désirer la pollution qui peut en résulter, ne chercherait-il pas à la provoquer. C’est de toute évidence.

Examinons maintenant si la pollution produite par une cause licite ou véniellement mauvaise constitue un péché, et quelle espèce de péché.

1o C’est pécher mortellement que de faire, sans nécessité ou utilité, une action licite en soi, mais que l’on prévoit devoir entraîner la pollution, parce que l’on coopère d’une manière efficace à un résultat mortel, sans excuse légitime.

2o Pèche mortellement, s’il s’expose à donner son consentement au danger prochain, celui qui, pour