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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/48

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son propre avantage ou celui d’autrui, fait une action, en soi licite, qui, en raison de ses dispositions, aurait une influence prochaine sur la pollution. Tout le monde reconnaît qu’on pèche mortellement en s’exposant à un semblable danger, à moins de graves nécessités.

3o En cas de grave nécessité, l’action qui tend à un but légitime ne fournit pas matière à péché ; car, dans un cas grave, on peut faire un acte qui produise un double résultat : un bon et un mauvais, à la condition de se proposer le bon et d’éloigner tout consentement au mauvais. Ainsi, ne pèche pas le chirurgien qui, pour guérir une infirmité ou faire un accouchement, touche ou regarde les parties pudiques d’une femme et qui, à cette occasion, éprouve les effets de la pollution, pourvu cependant qu’il n’y consente pas, s’exposerait-il même au danger du consentement. Mais il serait dans l’obligation de renoncer à son art s’il tombait fréquemment dans ce danger, car la nécessité de son propre salut l’emporte sur toutes les autres.

4o Ne pèche pas celui qui, pour son utilité ou celle d’autrui, fait une action qu’il prévoit devoir amener la pollution, mais qui ne se met pas dans le danger prochain de consentement, car on doit supposer qu’il a la volonté d’éloigner tout résultat mauvais qu’il ne poursuit ni n’approuve. Ainsi pensent Saint Thomas et les théologiens en général.

Aussi est-il permis d’étudier, dans un but honnête, les choses vénériennes, d’entendre les confessions de femmes, de converser avec elles d’une manière utile et honnête, de leur rendre visite et de les embrasser à la manière des parents, de monter à cheval, d’user modérément d’une potion échauffante prescrite pour la santé, de donner des soins aux infirmes et de les mettre dans un bain, d’exercer la chirurgie, etc., bien qu’on prévoie que la pollution doive s’ensuivre, à la condition de ne pas viser à ce résultat, d’avoir la ferme résolution de ne pas y consentir, et l’espoir de persévérer.

Si cependant, sans motifs ou sous de légers prétextes d’utilité, on se portait à des actes influant ainsi sur la pollution, on devrait s’en abstenir sous peine de pécher véniellement ou mortellement, selon qu’ils influeraient sur la pollution d’une manière légère ou grave ; si, par exemple, le café, l’eau-de-vie, le vin pur, etc., sans être utiles à la santé, comme c’est l’ordinaire, vous excite à la pollution, vous êtes dans l’obligation de vous en abstenir sous peine de péché véniel si son influence est seulement probable, et sous peine de péché mortel si, pour des raisons à vous personnelles, cette influence est prochaine, et que l’effet en soit comme moralement certain.

5o On pèche mortellement en faisant une action véniellement mauvaise, si elle influe sur la pollution d’une manière prochaine ; cela résulte de ce qui vient d’être dit. Aussi, celui qui est assez faible pour éprouver d’habitude la pollution en regardant amoureusement les parties honnêtes d’une femme, en touchant ses mains ou tourmentant ses doigts, en causant avec elle ou l’embrassant d’une manière honnête, mais sans motif, en assistant à des bals, etc., doit-il s’abstenir de ces actions sous peine de péché mortel.

6o Mais si des péchés véniels en matière de luxure, et à plus forte raison en d’autres matières, influent sur la pollution d’une manière seulement éloignée, par exemple, si elle ne se produit que rarement, dans les cas dont il s’agit, la chasteté ne se trouve que véniellement blessée ; quant à savoir si elle serait mortellement blessée soit dans la pollution elle-même, soit dans sa cause, on peut répondre par une double négation : non d’abord, lorsqu’il est à