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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/54

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La plupart des jeunes gens livrés aux femmes et au vice honteux de la masturbation, dit Buchan, t. 2, p. 202, n’y renoncent communément que lorsque leurs forces ne leur permettent plus de s’y adonner, et alors la maladie est devenue incurable. J’en ai vu un exemple frappant dans un jeune homme de 22 ans, à qui les conseils les plus sages, et même donnés par des personnes qui semblaient devoir exercer le plus d’empire sur son esprit, ne purent jamais faire perdre cette habitude. Il s’y livrait dans le temps même que par le régime et les remèdes on travaillait à le guérir de cette maladie. Il périt misérablement sans qu’on eût pu lui procurer aucun soulagement.

Les confesseurs doivent donc apporter toute leur sollicitude à prémunir contre de si grands maux et à arracher à cette infâme habitude ceux qu’ils croiraient en être atteints ou l’avoir contractée. Ils doivent surtout prendre garde, en interrogeant les jeunes gens, et particulièrement les jeunes filles, de ne pas blesser imprudemment leur imagination et de les faire tomber ainsi dans des actions honteuses, comme cela arrive souvent. Il serait de beaucoup préférable de s’exposer au danger de ne pas obtenir une confession entière que de corrompre les âmes ou de les blesser au détriment de la religion.

Voici le moyen de découvrir sans danger si la pollution existe : d’abord, interroger le pénitent sur les pensées, les paroles déshonnêtes, les nudités devant d’autres personnes, et les attouchements sur soi ou sur d’autres ou qu’il a permis à d’autres de lui faire. S’il n’est pas encore arrivé à l’âge de puberté, il ne doit pas être interrogé sur la pollution, car il n’est pas probable qu’il l’ait pratiquée, à moins qu’il ne paraisse très corrompu. Mais s’il est pubère, qu’il ait pratiqué des attouchements impudiques avec d’autres personnes, et surtout qu’il ait couché avec des enfants plus âgés que lui, il est moralement certain qu’il y a eu écoulement de la semence, et il est suffisamment clair que la pollution a eu lieu.

Le confesseur peut cependant dire avec prudence : Avez-vous ressenti des mouvements dans le corps (ou dans la chair) ? Avez-vous éprouvé dans les parties secrètes une agréable délectation après laquelle les mouvements se sont calmés ? Si le pénitent répond affirmativement il est raisonnable de penser que la pollution a eu lieu, car les mouvements violents suivis d’un plaisir semblable indiquent d’une manière certaine que l’écoulement a eu lieu, qu’il s’agisse de l’un ou de l’autre sexe.

L’écoulement est toujours extérieur chez les mâles ; mais la pollution ne se produit pas de la même manière chez les femmes, puisqu’il est probable aujourd’hui que les femmes n’ont pas de semence. Cependant, dans les mouvements désordonnés, il y a souvent l’écoulement intérieur, et rarement extérieur, d’une espèce d’humeur muqueuse qui se laisse facilement comprendre par l’aveu de sensations extrêmement agréables. Les femmes qui provoquent cet écoulement ou des mouvements vénériens ou s’y complaisent librement commettent un péché mortel. Mais le confesseur doit s’abstenir prudemment de questions contraires à la pudeur lorsqu’il est discrètement arrivé à connaître les attouchements ou les mouvements voluptueux.

S’il s’agit d’hommes qui ont fait des actions honteuses avec d’autres hommes plus avancés en âge, comme il est probable qu’ils les ont vus répandre la semence, il convient de leur demander s’ils n’ont pas éprouvé quelque chose de semblable.

À la pollution positivement reconnue, il faut opposer des remèdes convenables : les uns sont physiques et les autres moraux. Les remèdes physiques peuvent servir à la guérison de la pollution volontaire ou involontaire : ils consistent dans une grande sobriété, un genre de vie bien réglé, l’abstinence d’aliments échauffants, de liqueurs spiritueuses, l’u-