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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/55

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sage de l’eau et du lait, peu de sommeil, un lit peu moëlleux, des bains froids et dans quelques autres moyens que les médecins seulement doivent indiquer, mais qui sont rarement efficaces.

Les remèdes moraux sont surtout la fuite des objets qui ont coutume de donner de mauvaises idées, la vigilance sur soi-même, la garde des sens, la mortification de la chair, la méditation sur les maux qu’engendre l’habitude de la pollution, la pensée de la mort, du jugement de Dieu, de l’enfer et de l’éternité, la fuite de l’oisiveté, le silence, la vie solitaire, la prière, la confession fréquente, etc.

Les confesseurs conseilleront parfois, prudemment, aux jeunes gens très corrompus, la lecture des livres écrits par les médecins sur cette matière, par exemple, l’Onanisme de Tissot, et, encore mieux, le livre de Doussin-Dubreuil, intitulé Danger de l’onanisme. Ce dernier ouvrage peut être, sans inconvénient, indiqué comme remède aux jeunes dissolus.

L’exécrable habitude de la masturbation, quand elle est invétérée, jette les confesseurs dans une espèce de désespoir. Il est très difficile de juger prudemment si l’on peut, si l’on doit admettre aux sacrements de pénitence et d’Eucharistie, les pénitents livrés à ce vice. Il est à craindre qu’ils s’éloignent de la confession et deviennent plus mauvais si on les traite sévèrement ; si on les accueille avec trop d’indulgence, ils s’endormiront dans la fange du vice.

Il faut donc user d’une très grande prudence et d’un grand zèle, afin que ces malheureux pénitents s’approchent souvent du sacré tribunal de la pénitence, par exemple toutes les semaines, se repentent de leurs fautes et renouvellent fréquemment le bon propos de ne plus pécher.

Il faut examiner attentivement si les rechutes proviennent de la malice, de l’indolence ou du défaut de bon propos, ou bien de la faiblesse de la chair et de la violence de la tentation. Dans le premier cas, on doit différer l’absolution jusqu’à un amendement réel ; mais, dans le second, il faut aller au secours des malheureux pénitents qui luttent contre une passion tyrannique et ont la contrition ; on doit leur accorder l’absolution et la sainte Eucharistie. Par là, on diminue peu à peu les rechutes et on finit par faire disparaître l’habitude ; tandis que, au contraire, une trop grande sévérité éloignant les pénitents des sacrements, les jetterait dans le gouffre de la corruption, et ravirait presque tout espoir d’amendement.

En conséquence, ce serait une mesure excessive et dangereuse de remettre à deux mois sans nouvelles rechutes comme le veulent Juenin, Collet et beaucoup d’autres, cette catégorie de pénitents. St Ligori, t. 6, no  463, et plusieurs autres avec lui, pensent que le délai, même d’un mois, est trop long, et que, dans ces cas, l’absolution ne doit pas être différée de plus de huit ou dix, ou quinze jours, pourvu qu’il y ait des signes de vraie contrition.

Mais, en règle générale, on ne saurait déterminer le délai : Il dépend de la prudence du confesseur qui le prorogera ou l’abrégera, selon qu’il le croira utile à l’amendement du pénitent. Remarquez bien que les pauvres pécheurs qui désirent sincèrement leur salut ne doivent pas être confondus avec les endurcis ni jetés dans le désespoir par une sévérité hors de saison. Les confesseurs doivent y bien pren-