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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/72

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peut jamais être permise non plus que les danses avec des masques ou habits laissant à découvert les parties déshonnêtes.

2o Ceux qui, à cause de leur faiblesse personnelle, sont mis dans un grave danger de lubricité par la danse, doivent s’en abstenir sous peine de péché mortel, à moins que, ce qui n’est pas probable, il n’y ait nécessité pour eux de se livrer à ce plaisir, et qu’ils ne soient pas en danger de consentement : c’est pourquoi l’absolution doit leur être refusée jusqu’à ce qu’ils se soient amendés et aient promis de s’en abstenir par la suite.

3o Il est évident que ceux qui sont, en dansant, un sujet de scandale, pèchent mortellement, excepté en cas de nécessité, si l’on peut réellement admettre qu’il y ait une nécessité pour eux de se livrer à la danse. Mais les moines, les religieux, les prêtres et les clercs d’un rang inférieur, eux-mêmes, ne peuvent être excusés de péché mortel, lorsqu’ils dansent dans les bals publics, le feraient-ils d’une manière honnête. C’est ainsi que semblent le décider plusieurs théologiens et, parmi eux, Benoit XIV qui, par l’Inst. 76 déjà citée, interdit les danses aux prêtres et aux clercs d’une manière formelle et appuie cette défense de raisons et de témoignages.

Si cependant les clercs et les religieux dansent entre eux, hors la présence des laïques, dans un but de récréation ou par légèreté, ils commettent bien un péché, mais non pas cependant mortel, dit le même pontife, d’après St Thomas.

4o On ne commet pas de péché en dansant d’une manière modeste ou en assistant à des bals honnêtes, si c’est pour certaines raisons de nécessité ou de convenance et de condition, et lorsqu’il n’y a pas danger probable d’exciter les passions. En effet, dans ce cas, s’il pouvait y avoir quelque péché, ce serait surtout parce qu’on fournirait à d’autres personnes l’occasion de pécher et qu’on participerait à leurs péchés ; or, dans l’hypothèse, il y a des raisons suffisantes pour passer sur des choses qui se produisent indépendamment de la volonté.

Une femme belle et bien vêtue n’est pas dans l’obligation de s’abstenir de paraître à l’église et dans les promenades publiques par la raison qu’elle est pour beaucoup de personnes une occasion de péché. Il en est de même des bals honnêtes qui ne présentent aucun danger pour elle, si elle a des raisons suffisantes pour y aller, ce que les circonstances seules peuvent déterminer ; une jeune fille destinée au mariage, par exemple, doit assister aux bals qui se donnent d’une manière honnête, dans la maison paternelle, chez des voisins ou des parents, et elle ne peut refuser l’offre qui lui est faite de danser, sans se faire tourner en ridicule et sans déplaire au jeune homme qui la recherche en mariage ou à ses parents ; elle ne commet alors aucun péché en dansant d’une manière décente et avec des intentions pures. Aussi lit-on dans St François de Sales (introduction à la vie dévote, 3e partie, ch. 23) :

Je vous dis des danses, Philothée, comme les médecins disent des potirons et des champignons : les meilleurs n’en valent rien, disent-ils ; et je vous dis que les meilleurs bals ne sont guères bons ; si néanmoins il faut manger des potirons, prenez garde qu’ils soient bien apprestez. Si par quelque occasion, de laquelle vous ne puissiez pas vous bien excuser, il faut aller au bal, prenez garde que votre danse soit bien apprestée. Mais comment faut-il qu’elle soit accommodée ? de modestie, de dignité et de bonne intention. Mangez-en peu et peu souvent (disent les médecins, parlant des champignons) : car pour bien apprestez qu’ils soient, la quantité leur sert de venin. Dansez et peu et peu souvent, Philothée ; car faisant autrement, vous vous mettez en danger de vous y affectionner.

Il n’est pas hors de propos de faire observer que le pieux évêque veut qu’on danse modestement avec des intentions pures et rarement : de plus, comme