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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/73

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les mœurs étaient alors plus simples qu’aujourd’hui, ce genre d’amusement était peut-être moins dangereux qu’à notre époque.

5o C’est un péché seulement véniel d’assister à des bals honnêtes sans qu’il y ait grave danger ou scandale notable, et d’y danser sans raisons suffisantes que ce soit un péché, c’est ce dont personne ne saurait douter ; qu’il soit seulement véniel, c’est ce qui résulte de l’hypothèse elle-même. Des théologiens trop rigoureux ne veulent pas admettre l’hypothèse et affirment que, dans toutes les danses entre hommes et femmes, il y a toujours grave danger de lubricité. Ils prétendent qu’on ne doit pas ajouter foi à la parole de ceux qui disent n’éprouver, dans les danses, ni mouvements désordonnés ni délectation. Ce n’est cependant pas sur des présomptions qu’on doit juger les pénitents, et quand on les a interrogés avec prudence, il ne faut pas les croire plus coupables qu’ils ne le paraissent par leurs aveux, à moins qu’il ne reste évident qu’ils se font illusion ou qu’ils veulent tromper. Si, après avoir procédé avec une attention suffisante, le confesseur est trompé et donne l’absolution à un pénitent indigne, il sera innocent devant Dieu ; il commettrait au contraire une grande injustice si, sur une simple présomption, il refusait les sacrements à un pénitent bien disposé. Il ne faut donc pas, témérairement, regarder comme indignes d’absolution des hommes et des femmes qui ont dansé ou assisté à des bals, et il serait souvent imprudent d’exiger d’eux, sous peine de refus de l’absolution, la promesse de ne plus danser ni assister à des bals.

6o Cependant les danses, telles qu’on les pratique ordinairement, sont toujours dangereuses ; c’est pourquoi les confesseurs doivent, autant qu’il est en leur pouvoir, en éloigner leurs paroissiens et tous ceux dont les âmes leur sont confiées, que ce soient des jeunes gens de l’un ou de l’autre sexe : s’ils ne peuvent complètement empêcher les bals, ils doivent, autant que possible, diminuer les dangers qui en sont inséparables en défendant, par exemple, de danser aux jours d’abstinence, pendant le temps des offices divins, dans les cabarets où se rendent les dissolus des deux sexes, et en recommandant de ne pas continuer les danses pendant la nuit.

Les prêtres ne peuvent jamais approuver d’une manière positive ce genre de divertissements ni s’y livrer ou y assister ; ils doivent, au contraire, toujours les désapprouver comme dangereux ou, du moins, comme très peu en rapport avec les vertus chrétiennes. Mais s’il est convenable de les désapprouver, il serait mal à propos de refuser indistinctement les sacrements de l’Église à ceux qui s’y livrent.

7o Celui qui, en toute prudence, estime qu’en usant d’une grande sévérité il abolira complètement les bals dans sa paroisse, peut différer et même refuser l’absolution à tous ceux qui dansent ou prêtent leur concours dans les bals. Car s’il y en a qui ne pèchent pas mortellement en dansant, ils tendent des embûches à autrui en introduisant les danses ou en empêchant de les abolir et, sous ce rapport, on ne peut pas facilement les excuser de péché mortel.

8o Mais dans le cas où, comme cela arrive souvent, on n’aurait pas espoir de faire disparaître les bals du pays dans lequel on se trouve, une trop grande sévérité serait nuisible au salut des âmes. Il y a, en effet, beaucoup de personnes qui, persuadées que ces amusements sont permis ou du moins qu’ils ne sont pas gravement illicites, refusent absolument de s’en abstenir : elles désertent la confession, l’Eucharistie et les saints exercices. N’étant