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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/76

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beaucoup de péchés dans les bals, même lorsqu’ils ont lieu en public ; et qu’il n’est pas facile d’éviter ces péchés en les autorisant. C’est là l’abrégé de notre doctrine.

Ce que nous avons dit des bals s’applique, toute proportion gardée, aux réunions de nuit vulgairement appelées veillées : celles-ci, cependant, n’offrent pas ordinairement d’aussi grands dangers que les bals. Du reste, on doit, afin de juger sainement des uns et des autres, peser avec soin toutes les circonstances : si les réunions de ce genre ont lieu entre parents, voisins ou amis, ou entre personnes de mœurs éprouvées, elles présentent beaucoup moins de dangers ; sachons, par conséquent, garder un juste milieu entre le relâchement et une trop grande sévérité.


§ IV. — Des spectacles


Il est reconnu par tout le monde que les spectacles n’ont en soi rien de mauvais. Aussi a-t-on autrefois représenté des tragédies même dans des collèges très religieux ; et si les pièces de théâtre n’étaient pas obscènes et de nature à exciter les passions, il serait permis de les représenter, et, à plus forte raison, d’assister à leurs représentations.

Mais, comme elles sont ordinairement dangereuses, par elles-mèmes, par leurs conséquences, il convient d’établir des règles dictées par la pratique.

I. Ceux qui composent ou qui représentent des comédies notablement obscènes ne peuvent, en aucune manière, être excusés d’un grave péché, en raison du scandale qu’ils ont causé, quoiqu’ils ne l’aient pas eu pour but : C’est l’opinion de théologiens peu suspects de sévérité, comme St Antoine, Sylvestre, Angelus, Sanchez et St Ligori, etc., et ce n’est certes pas le gain considérable qu’elles procurent qui peut être opposé comme excuse, car on ne verrait pas alors pourquoi on n’excuserait pas la prostitution elle-même.

II. C’est encore un péché mortel de contribuer par de l’argent ou d’encourager par des applaudissements les représentations de ces comédies obscènes, car c’est coopérer d’une manière effective à des actions extrêmement mauvaises. C’est ainsi que pense, contre quelques théologiens, St Ligori, l. 3, no  427, qui affirme qu’il a changé d’opinion après avoir été d’un avis contraire.

III. On ne peut cependant pas ordinairement excuser de péché mortel ceux qui composent ou représentent sur le théâtre des comédies ou des tragédies même peu obscènes, parce que le danger est inséparable de ce genre de divertissement et qu’il en résulte le scandale pour autrui. C’est pour cette raison que le concile d’Arles, tenu en 314, par son canon 5, prononce l’excommunication contre les acteurs et les actrices qui ont été jusqu’ici, au moins en France, regardés comme des êtres infâmes : aussi les sacrements de l’Église ne leur sont pas administrés, même à l’article de la mort, à moins qu’ils ne fassent la promesse de renoncer à leur profession.

Je dis, au moins en France, car en Italie, en Allemagne, en Pologne et dans plusieurs autres pays, les hommes et les femmes ne sont pas exclus des sacrements de l’Église par la raison qu’ils ont participé à la représentation de scènes théâtrales, mais les confesseurs sont libres de les admettre aux sacrements ou de les leur refuser selon la représentation à laquelle ils ont concouru.

IV. C’est certainement un péché mortel, à cause