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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/89

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ans et, dans ce cas, la période de trois ans n’est pas complète ; il en serait autrement s’il y avait eu une interruption d’une ou de deux semaines seulement, car ce court espace de temps ne doit pas être pris en considération lorsqu’il s’agit d’un délai de trois ans.

Mais si les époux ont contracté mariage aussitôt après que l’un d’eux est entré dans l’âge de puberté, et qu’ils ne puissent pas accomplir l’acte conjugal, le temps d’épreuve ne doit pas compter du jour où le mariage a été contracté, mais du jour où la puberté a atteint sa plénitude ; car avant la plénitude de la puberté il est difficile de décider si l’impuissance tient à une cause permanente ou plutôt au défaut de forces. C’est l’opinion de Sanchez, l. 7, disp. 110, no  10, de Collator, d’Andeg., Pontas, Collet, etc. La femme atteint la plénitude de la puberté à 14 ans et l’homme à 18 ans.

Du reste, si avant l’expiration des trois ans d’épreuve les parties remarquent que l’impuissance est évidemment permanente, ils doivent en conclure que le mariage est nul et ils sont dans l’obligation de s’abstenir aussitôt de tout acte vénérien.

Il n’est accordé nul délai d’épreuve à ceux auxquels il manque une partie essentielle, car alors la nullité du mariage n’est pas douteuse.

On demande : 7o Quelles sont les précautions dont le confesseur doit user à l’égard des époux et quels sont les conseils qu’il doit leur donner pendant le temps de l’épreuve.

R. L’impuissance provient d’une cause naturelle ou d’un maléfice : dans chacun des deux cas, le confesseur doit user de précautions et donner des conseils.

I. Il doit examiner avec une extrême attention si l’impuissance, qu’on attribue à une cause naturelle, ne provient pas d’un excès de passion ou d’autres causes dont on peut prévenir les effets, car alors il faudrait revenir aux remèdes naturels ; les médecins, en effet, indiquent et prescrivent certains remèdes pour cet objet. Il existe plusieurs causes naturelles qui éloignent l’homme du coït et qu’on peut faire disparaître avec ou sans le secours des médecins, par exemple la difformité de la femme, son haleine puante, la négligence dans ses vêtements et sa toilette, le dégoût, le mépris, etc. : En effet, la beauté et les autres qualités qui rendent une femme aimable sont des excitants très puissants pour l’accomplissement de l’acte conjugal. Dans ce cas, lorsqu’il s’agit d’une chose si importante, et de laquelle dépend le salut éternel de chacun des deux époux, un confesseur prudent doit surtout leur conseiller d’agir, pendant tout le temps de l’épreuve, avec bonne foi et des intentions pures, sans passions désordonnées, sans haine, sans tiédeur, sans inimitié et sans dégoût ; de se prêter réciproquement aux positions les plus propices pour accomplir l’acte charnel ; il doit conseiller à la femme de prendre plus de soin de sa toilette, de se montrer plus aimable pour son mari, par ses caresses et par des parures licites, de chercher enfin, selon les paroles de l’apôtre lui-même, comment elle pourra plaire à son mari.

II. Mais si l’impuissance provient d’un maléfice, il y a encore certaines précautions à prendre, différents conseils à donner.

Le confesseur doit se tenir, pour ces choses, dans une grande réserve :

1o Ne pas attribuer légèrement à un maléfice ce qui provient souvent de la réserve, de la pudeur, d’un trop grand amour, ou de l’irritation et de la haine qu’éprouve une femme contre son mari lorsque ce dernier l’a épousée malgré elle. Ce sont les paroles du savant médecin Zachie rapportées par Collat, du Mariage, t. 2, p. 237.