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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/96

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exemple, les attouchements, les baisers, les désirs d’accomplir ces actes ou la complaisance dans ce actes ; toutes ces choses revêtent une double malice qu’il est nécessaire de déclarer en confession, une contre la chasteté et l’autre contre la justice.

Il en est de même des mouvements voluptueux qui sont, à leur manière, contraires à la foi jurée, comme par exemple l’abus que l’un des époux ferait de son corps dont l’autre époux a acquis la propriété pour l’accomplissement des actes vénériens.

Ces préliminaires posés, nous diviserons le présent chapitre en trois articles :

Dans le premier nous traiterons de l’acte conjugal considéré en soi ;

Dans le second, du devoir conjugal demandé ;

Et dans le troisième, du devoir conjugal rendu.


Article I. — De l’acte conjugal considéré en soi


Nous avons prouvé, dans le traité du mariage, contre plusieurs hérétiques, que le mariage considéré en soi était bon et honnête : il est donc certain que l’acte conjugal n’a, par lui-même, rien de mauvais et peut devenir méritoire s’il est dicté par un motif surnaturel, par exemple, pour conserver à son époux la foi promise en présence de Dieu, dans un but de religion, pour avoir des enfants qui servent Dieu fidèlement, ou en représentation de l’union du Christ avec l’Église.

Donc, si on rencontre quelque difficulté dans la matière, c’est au sujet du coït pratiqué uniquement par passion ou pour prévenir l’incontinence.


§ I. — Du coït pratiqué uniquement par passion


C’est un péché de se livrer à l’acte conjugal dans le seul but de se procurer du plaisir, mais le péché est seulement véniel. La preuve que le coït entre époux constitue un péché résulte : 1o De l’autorité d’Innocent XI, qui condamna, en 1679, la proposition suivante, qui avait pour objet de le déclarer licite : L’acte conjugal pratiqué pour le seul plaisir qu’il procure est exempt de tout péché, même véniel.

2o La raison nous dit que le plaisir attaché à l’acte conjugal est le moyen d’obtenir le but de cet acte, c’est-à-dire la procréation des enfants : ce plaisir pris en dehors de ce but est donc illicite, à plus forte raison l’acte est-il illicite si, le détournant de son but, on le fait servir uniquement au plaisir. On prouve de la manière suivante que le péché est seulement véniel : Le plaisir qu’on prend dans un acte bon n’est pas mauvais en soi, mais il est mauvais lorsqu’il ne se rapporte pas à une fin légitime ; tel est le plaisir qu’on prend à manger : tout le monde s’accorde à reconnaitre que dans certains cas particuliers, l’absence de raison légitime, ce qui arrive lorsqu’on mange pour le seul plaisir de manger, constitue un péché véniel seulement. C’est l’opinion des théologiens en général, conforme, en cela, à celle de St Augustin, de St Ambroise, de St Thomas et de St Bonaventure ; d’autres prétendent que le péché est mortel, et il y en a beaucoup qui veulent, avec Sanchez, l. 9, disp. 11, no  1, qu’il n’y ait aucune espèce de péché.


§ II. — De l’acte conjugal pratiqué dans le but de prévenir l’incontinence


On demande si c’est un péché de demander le devoir conjugal dans le seul but de prévenir l’incontinence et quelle espèce de péché a été commis. Les théologiens sont très divisés sur cette question ; leurs opinions se résument à deux principales que Sanchez, liv. 9, disp. 9, et le P. Antoine, nouv.