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Page:Bouvier - Les Mystères du confessionnal, 1875.djvu/97

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édit., q. 5, des obligations des époux, t. 4, p. 296, exposent d’une manière assez claire.

I. Beaucoup de théologiens prétendent qu’il n’y a pas de péché dans le coït entre époux, et ils appuient leur opinion des preuves suivantes :

1o Ex. I aux Corinth. 7. 2 : Que chacun de vous ait sa femme et que chaque femme ait son mari, afin de ne pas se livrer à la fornication. L’Apôtre ajoute, verset 5 : Ne vous imposez pas l’un à l’autre des privations, si ce n’est d’un consentement mutuel et pour le temps de la prière, et revenu aussitôt en vous-même de peur que Satan ne mette votre continence à l’épreuve ; je vous dis cela par indulgence et non comme prétexte ; car je veux que vous soyiez tous comme moi-même. St Paul allègue ici l’incontinence, seulement pour autoriser l’acte conjugal : or, on ne peut pas dire que l’Apôtre donne la faculté de faire un acte entaché de péché.

2o Par l’autorité du catéchisme du concile de Trente qui, dans sa seconde partie, chap. 14, § III, formule de la manière suivante la troisième raison qui a fait établir le mariage après la chute de nos premiers parents : que celui qui connaît sa faiblesse et qui ne veut pas avoir à combattre les mouvements de la chair, use du mariage pour éviter les péchés de luxure. C’est de lui que l’Apôtre a écrit : Pour éviter la fornication, etc.

3o L’Église bénit chaque jour les mariages de vieillards qui ne sont certainement pas en état d’avoir des enfants ; on ne dit cependant pas qu’ils ne doivent pas user du mariage et l’Église ne les détourne, en aucune manière, de l’acte conjugal ; elle pense donc qu’ils doivent pratiquer le coït pour calmer la concupiscence.

4o Un acte en soi honnête et qui tend à une fin honnête ne peut pas être mauvais. Or, l’acte conjugal est honnête en soi : et c’est une fin honnête que de calmer la concupiscence en évitant l’incontinence. Voyez, dans ce sens, St Antoine, Paludanus, Soto, Sylvestre, St Ligori, l. 6, no  882, et beaucoup d’autres dont l’autorité est citée tant par ce dernier que par Sanchez, l. 9, disp. 9, no  3.

II. Mais beaucoup d’autres prétendent que c’est un péché véniel de se livrer à l’acte conjugal pour éviter l’incontinence ; car, disent-ils :

1o L’acte qui ne se rapporte pas à un but légitime est entaché de péché ; or, le but de l’acte conjugal est de procréer des enfants ; donc cet acte est mauvais lorsqu’il est pratiqué dans un autre but, celui d’éviter l’incontinence, par exemple ;

2o C’est un péché, seulement véniel, de céder aux mouvements voluptueux sans excuse suffisante, et il est évident que celui qui use du mariage, uniquement pour éviter l’incontinence, cède aux mouvements voluptueux, et n’a pas un motif suffisant d’excuse ; car il a d’autres moyens de calmer les aiguillons de la chair, savoir : l’élévation de l’esprit vers Dieu, les prières, les jeûnes et autres œuvres de mortification chrétienne.

3o L’incontinence serait certainement un grave péché, mais il n’est pas permis, pour cela, de ceder à la passion sous un autre rapport. Une comparaison fera mieux comprendre cela : un moine auquel la règle défend de manger hors du monastère sans l’autorisation de son supérieur, satisfait un peu sa gourmandise dans le monastère de peur de céder à la tentation quand il sera dehors, et de pécher ainsi contre la règle et contre l’obéissance due à son supérieur ; n’est-il pas vrai qu’il commet un péché véniel ? De même, celui qui se livre à l’acte con-