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d’autres événements, dans sa longue vie, que la fugitive magie des heures.

Claude le Lorrain, pourtant, n’est pas un dieu tombé du ciel : le temps est venu de le situer dans son siècle, de comparer son origine et son influence, de remettre le paysagiste à son rang lumineux dans l’histoire totale du paysage et l’artiste à sa place originale dans l’histoire particulière de l’art français. Méconnu ? Non certes ! Mais tellement consacré, pour ainsi dire isolé dans sa renommée, que les regards éblouis de confiance ne recherchent plus ces rapports subtils…

Un maître exige plus que de l’admiration.

I

le soleil allumé dans le ciel de l’art

« Il est clair que, pendant deux siècles, nous n’avons eu en France qu’un seul paysagiste, Claude Lorrain. Très Français, quoique très Romain, très poète, mais avec ce clair bon sens qui longtemps a fait douter que nous fussions une race de poètes, assez bonhomme au fond, quoique solennel, ce très grand peintre est, avec plus de naturel et moins de portée, le pendant, dans son genre, de Poussin dans la peinture d’histoire. Sa peinture est un art qui représente à merveille la valeur de notre esprit, les aptitudes de notre œil, qui nous honore et qui devait, un jour ou l’autre, passer dans les arts classiques. On le