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CLAUDK LOKMAIN.

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italien résume à ses yeux enfin dessillés Loul le pittores- que, cl l<i splendeur el la forme : cette lumière esl toute l,i poétique el la très instinctive philosophie de sou art. Loin d'elle. Claude, non moins dépaysé <| u » ■ Poussin, se croil en exil : el toute son âme obscure aspire à retourner vers elle. L'Italie virgilienne n'est-elle pas un idéal vivanl el la terre classique ? Elle est, pour ainsi dire, l'antique ilu paysage, et le paysage liistorique y trouve son cadre harmonieux .

Ses jardins ne sont-ils point déjà des paysages com- posés, intermédiaires entre la nature el la peinture, entre la floraison des choses el le travail de I homme? Animant leur architecture végétale, la blancheur du marbre en l'ail un prolongement de l'Antiquité; leurs doctes ombrages semblent cadencés connue des strophes : et. par la voix du Tasse, le poêle a\ail affirmé que I art v surpasse la nature. Claude, instinctif, a senh leur beauté sans la comprendre ; il a subi vaguement cette incantation : I immortalité du rayon méridional sur la ruine. Au Campo Vaccino de jadis, assis sur une dalle ombreuse, aux pieds de la glo- nelle d'un Tivoli rosé d'aube, il n'a jamais analysé sou ('■niotion: candide Orphée, il a chanté silencieusemeiil la Lumière, le soir, à I aurore, au passage d un nuage léger, sous les horizons bleus de la Campagne déserte ou près des Ilots argentés de Castellamare : studieux poète, il a célébré le ciel el la mer : déboires ou longues privations, il a loul oublié devanl la divinité qui remplit ses veux... Ceci n'est pas une hypothèse inspirée par son génie ; el