Page:Bouyer - Claude Lorrain, Laurens.djvu/48

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Sandrart nous dit positivement : « Sa misère ne refroidissait point sa ferveur : jaloux d’atteindre les secrets de l’art et les mystères de la nature, il était dehors avant le jour, il y restait jusqu’à la nuit, pour saisir toutes les nuances des heures crépusculaires et les rendre ensuite exactement : après avoir observé l’effet sur place, il faisait vite un mélange de tons et courait chez lui pour le fixer : de là, ce singulier cachet de naturel, absolument nouveau dans l’art du paysage… »

Heureux le pauvre d’esprit ! Car il a vu le dieu caché dans l’univers, il a regardé la splendeur en face, il a senti que le royaume de la lumière et de l’espérance allait s’ouvrir à son regard aux premiers feux irradiés d’un soleil levant !


VI

l’aurore et l’apogée

Dès son retour dans la Ville Éternelle, selon Baldinucci, Claude obtient gloire et fortune : il travaille pour le cardinal Bentivoglio qui le recommande au pape Urbain VIII. Les commentateurs renchérissent, en nous le montrant propriétaire déjà d’une belle maison… Il s’en faut que le succès soit venu si vite : à distance, la lenteur des progrès à travers les difficultés s’efface ; une carrière est comme un horizon lointain : et n’est-ce pas le bienfait de la perspective que de supprimer les détails ? En réalité, presque