Page:Bove - Mes Amis.djvu/199

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ne se tenant pas par le bras, disparaissaient dans un couloir.

Le bras de Blanche, allongé et tendre comme le dos d’une bête, me chauffait les doigts. Son chapeau me frôlait l’oreille. Nos hanches se touchaient.

J’étais heureux. Pourtant, des réflexions ridicules gâtaient ma joie.

Qu’aurait fait Blanche, si nous avions rencontré sa meilleure amie ? M’eût-elle quitté ? Ou bien si, tout à coup, une douleur l’eût empêchée de marcher ? Ou bien encore, si elle avait cassé une vitrine, ou déchiré sa jupe, ou bousculé un passant ?

Je me demande parfois si je ne suis pas fou. J’avais tout pour être heureux et il fallait que des réflexions idiotes vinssent me troubler.

Quand un homme traversait la rue et s’approchait de nous, mon cœur battait. Je sais : j’aurais voulu être seul au monde avec ma compagne.

Je lâchai son bras et je posai ma main sur sa taille, tout doucement, afin de pouvoir la retirer avant qu’elle se fâchât, si cela lui déplaisait.

Elle ne s’emporta pas.