Page:Bove - Mes Amis.djvu/200

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Alors, je ne songeai plus qu’à l’embrasser, mais je n’osais pas en marchant, de crainte de manquer la bouche.

— Arrêtons-nous. Je voudrais vous dire quelque chose.

Ma voix tremblait. Je pris ses mains et je lissai mes lèvres avec les dents.

— Que vouliez-vous me dire, monsieur ?

Je la serrai contre moi. Nos genoux se cognèrent comme des boules de bois. Je fis attention à ne pas perdre l’équilibre, pour ne pas lui marcher sur les pieds.

Puis, subitement, je l’embrassai.

En me redressant, je sentis que mon chapeau déplaçait le sien.

Bien qu’elle le remît rapidement sur les yeux, je devinai que cela l’avait gênée.

Penaud, les bras ballants, je ne savais si je devais de nouveau embrasser ma compagne ou bien m’excuser.

Une femme, belle et jeune, passa près de nous, dans un manteau de fourrure. Je rougis, car je sentis que Blanche était jalouse. Je ne saurais dire pourquoi l’envie, chez la femme, est si laide.

— Vous savez, monsieur, il doit être dix heures. Il faut que j’aille chanter.