Page:Bove - Mes Amis.djvu/27

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— À demain ! crie-t-il en plaçant ma tasse encore chaude sous un filet d’eau qu’on ne peut arrêter qu’à la cave.

Plus loin, se trouve une épicerie.

Le patron me connaît. Il est si gras que son tablier est plus court devant que derrière. On voit la peau sous ses cheveux en brosse. Sa moustache « à l’américaine » lui bouche les narines et doit l’empêcher de respirer du nez.

Devant son magasin, il y a un étalage étroit — c’est plus prudent — composé de sacs de lentilles, de pruneaux et de bocaux de bonbons. Pour servir, il sort, mais il pèse à l’intérieur.

Jadis, quand il se tenait sur le pas de la porte, nous causions. Il me demandait si j’avais trouvé quelque chose, ou bien il m’assurait que ma mine était excellente. Puis, il rentrait en me faisant avec la main un signe qui signifiait : « À une autre fois. »

Un jour, il me pria de lui aider à porter une caisse. J’aurais volontiers consenti, mais j’ai toujours craint les hernies.

Je refusai en balbutiant :

— Je ne suis pas fort, je suis un grand blessé.