Page:Bove - Mes Amis.djvu/50

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J’ai connu Henri Billard dans un rassemblement, devant une pharmacie.

Les rassemblements de la rue me causent toujours une appréhension. La crainte de me trouver devant un cadavre en est la raison. Cependant, un besoin qui n’est pas de la curiosité commande à mes pieds. Prêt à fermer les yeux, je me fraye un passage, malgré moi. Aucune exclamation des badauds ne m’échappe : j’essaie de savoir avant de regarder.

Un soir, vers six heures, je me trouvais dans un attroupement, si près de l’agent qui le maintenait, que je discernais le bateau de la ville de Paris sur ses boutons argentés. Comme en tous les lieux où l’on se groupe, des gens poussaient par derrière.

Dans la pharmacie, à côté de la bascule, un homme était assis, sans connaissance, les yeux ouverts. Il était si petit que sa nuque reposait sur le dossier de la chaise et que ses jambes pendaient comme une paire de bas qui sèche, la pointe vers le sol. De temps en temps, ses pupilles faisaient le tour des yeux. Des taches innombrables lissaient le devant de son pantalon. Une épingle fermait son veston.