— J’étais à Saint-Mihiel, dis-je pour parler de moi.
Au lieu de m’écouter et de me poser des questions :
— Moi aussi, j’y étais.
— Je suis blessé et réformé.
Je montrai l’éclat d’obus qui m’avait blessé.
— Tu vis seul ? me demanda Billard en repliant ses papiers.
— Oui.
— On s’ennuie.
— Oh ! oui !… Surtout moi qui suis si sensible… La vie de famille m’aurait plu. Tenez, vous, monsieur Billard, si vous étiez mon ami, je serais heureux, tout à fait heureux. La solitude, la misère me dégoûtent. Je voudrais avoir des amis, travailler, vivre enfin.
— As-tu une maîtresse ?
— Non.
— Pourtant, les femmes ne manquent pas.
— Oui… mais je n’ai pas d’argent. Une maîtresse me donnerait des soucis. Il faudrait que je misse du linge propre pour les rendez-vous.
— Allons, allons, tu t’imagines que les femmes font attention au linge. Naturellement, si tu veux fréquenter une bourgeoise,