Page:Bove - Mes Amis.djvu/74

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c’est autre chose. Laisse-moi faire, je te trouverai une maîtresse ; elle te distraira.

Si, réellement, il me trouvait une femme, jeune et belle, qui m’aimât et qui ne fît pas attention à mon linge, pourquoi n’accepterais-je pas ?

— Mais c’est difficile de trouver une femme jolie.

— Pas aujourd’hui ; la mienne a quitté ses parents pour moi. Je suis heureux avec cette jeunesse.

Je voulais un ami malheureux, un vagabond comme moi, envers qui on n’est tenu à aucune obligation. J’avais cru que Billard était cet ami, pauvre et bon. Je m’étais trompé. À chaque instant, il m’entretenait de sa maîtresse — ce qui me plongeait dans une grande mélancolie.

— Bâton, viens demain chez moi, après le dîner, tu verras la petite. J’habite rue Gît-le-Cœur, hôtel du Cantal.

J’acceptai, parce que je n’osai refuser. Je sentais bien que je n’aurais jamais le courage de rendre visite à des gens heureux.

Mes relations finiront-elles donc toujours de façon ridicule ?