Page:Bove - Mes Amis.djvu/85

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La sensation qu’un souffle chaud caressait ma figure me fit frissonner. Quoique peu exubérant, je tapai sur l’épaule de Billard. Malgré mon allégresse, je me sentis ridicule en ramenant la main. J’avais envie de rire, de danser, de chanter : la maîtresse de Billard boitait.

La chambre était banale. Un Roumain, une fille galante, un employé eussent pu l’habiter. Des journaux, sur lesquels on avait posé des casseroles, une brosse à dents debout dans un verre, des bouteilles encombraient la cheminée.

— Nina, prépare donc du café !

La jeune fille alluma un poêle à pétrole taché de jaune d’œuf.

Cette offre, en m’obligeant à rester, me combla d’aise.

Sans doute, pour ne pas avoir l’air de remarquer le silence qui devenait plus gênant à mesure que le temps s’écoulait, Billard cherchait un écrou dans une boîte à outils et sa maîtresse essuyait l’intérieur de quelques tasses, avec le pouce. Quant à moi, je voulais parler, mais tout ce que je trouvais dénotait trop l’intention de mettre fin à une situation ridicule.