Page:Bovesse - Meuse, 1938.djvu/69

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


UNE FEMME.

Par la bonne Vierge Notre-Dame, pitié, Monseigneur.

(Elle veut s’accrocher à ses genoux. Il la repousse. Le prêtre l’emmène doucement.)
UN HOMME.

Nous avons défendu nos droits, servi notre Sire ; nous avons loyalement combattu.

UN AUTRE HOMME.

Hier, nous avons remis les clefs de notre ville. Un chef de votre armée nous avait promis la vie sauve.

LE COMTE DE CHAROLAIS, qui a écouté un instant,
et qui semble s’arracher à une pensée de grâce
qui l’a soudain fait balancer, éclatant :xxxxxxxxx

Le vilain bâtard de Heeusberg…
xxx— Madame de Bourgogne a juré de faire brûler Dinant…
xxxFoi de Charolais, il ne restera rien de votre ville.

Les femmes, échevelées, les yeux hagards, se lèvent pour se précipiter vers les maisons qui bordent la place au fond à droite. Des soldats les empoignent, les font tomber. Les hommes veulent se jeter sur les soldats.
LE COMTE DE CHAROLAIS.

Qu’on s’en rende maîtres. Qu’on les lie deux à deux…

(On les lie.)


xxx— Qu’on éloigne les femmes… le prêtre… les enfants.
xxx— Qu’ils s’en aillent vers Liège.
xxx— Qu’ils disent aux Liégeois que Dinant par eux abandonnée est morte.
xxx— Qu’il n’en reste plus rien… rien… rien !…

Les femmes essayent pendant cette scène de rejoindre les hommes ; elles tordent les bras, hurlent, tendent leurs enfants. Des hommes les embrassent en pleurant. On les sépare.