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VEUVAGE BLANC

nouvelles ». À l’instant nous apprenons que Daisy Pépin couronne enfin la flamme dont se consumait Lauris Lehupier. Vraisemblablement le légitime dépit de voir son père convoler a-t-il contribué à cette décision. Mais je soupçonne qu’y aura eu sa part à la mort du maire — dont je t’avais mandé le coup d’apoplexie — qui fait de ses enfants de riches seigneurs. Dans le pays on parle d’une succession de trois millions. Papa, qui l’a liquidée, ramène à quelque sept cent mille francs la part de chacun. Daisy ayant cent mille écus de dot, tu vois qu’ils n’auront point à se faire inscrire au bureau de bienfaisance. Daisy se propose de secouer la poussière de ses pieds et de s’établir à Paris. Mais au préalable, Lehupier ayant besoin d’être un brin policé, ils voyageront. Ils vont commander une automobile de grand tourisme et passeront l’hiver sur la côte d’Azur. Grand bien leur fasse.

« Ce nouvel hymen va retarder un peu celui de Julie. Il serait malséant que, tels un frère et une sœur, le père et la fille fussent conjoints simultanément, au même autel. On sera bien triste de ne pas l’avoir en cette occasion, car, d’après tes lettres, il ne saurait être question de longtemps que tu fasses le voyage. En manière de très insuffisante consolation, nous jouirons de la présence d’Eddy Pépin. Sa dulcinée ayant quitté Soissons — sans laisser d’adresse — on estime pouvoir le relever de sa pénitence, et il embarque sur le prochain paquebot. Quand pourrons-nous en dire autant de toi, qui es pourtant bien moins loin ? Non, vraiment, tu ne pourrais pas ?…


Non, Claude ne pouvait vraiment pas, Randolph venait de se marier et s’en allait faire son voyage de noces aux Indes, via Japon. M. Curtis père mettait toute sa confiance en lui pour suppléer son fils, et il