table indignation contre le père dont l’imprudence a causé un tel désastre et assez lâche ensuite pour se soustraire à ses responsabilités.
Le triste repas fini, Louise demande à son cousin la permission de se retirer. Pour être prête à partir, elle a tant à faire…
Rentré dans la chambre où, hâtivement, un lit lui avait été dressé l’avant-veille, il tire de la poche intérieure de sa redingote deux papiers qu’il étale sur la table.
« Sigebert, notaire, Bruyères-sous-Laon.
« Te prie instamment prendre demain matin express 8 h. 20 et venir directement à mon bureau, 132, rue Réaumur. Il y va des plus graves intérêts. Compte absolument sur ton affection et dévouement. Prière répondre par dépêche. Amitiés.
Me Sigebert avait été passablement intrigué. Y
avait-il quelque corrélation entre la requête de son
cousin et la crise financière dont les journaux donnaient le détail assez alarmant ? En pareille conjoncture, c’est à de gros capitalistes qu’on a recours et le notaire de campagne n’en possédait point dans sa clientèle d’assez considérables… Mais peut-être Amédée
voulait-il le consulter sur quelque point de jurisprudence ?
Cela le flatta, car il se piquait de compétence
en la matière au delà de l’ordinaire de son état.
De la gare du Nord à la Bourse, la distance n’est pas longue. Avant onze heures il entrait dans la loge de la rue Réaumur et demandait les bureaux de M. Fresnaye.
— M. Fresnaye ? Ah ! mon Dieu ! monsieur, vous ne savez donc pas le malheur ?
Cette figure renversée, ces bras tragiquement levés