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VEUVAGE BLANC

outre sa belle mine, à défaut du prestige d’exotisme, il possède celui de son dédain pour la petite coterie où finissent en tempête dans un verre d’eau tant de prétentions, de rivalités, de jalousies, de coquetteries naïves et cependant féroces.

Les présentations furent faites, et les vigoureux shake-hands échangés avec les demoiselles Pépin, le coude levé à la hauteur de l’œil, pouvaient mettre le jeune Canadien en doute quant au côté de l’Atlantique sur lequel il se trouvait. Puis les parties s’organisèrent. Il ne tarda point à s’apercevoir que tous jouaient fort mal. Bientôt il chercha des yeux son ami, avec qui il eût mieux aimé faire un tour de promenade en fumant sa pipe de chasseur qu’il n’avait pas cru devoir se permettre d’allumer devant les dames au sortir de table. Mais Claude n’était plus là.

— Cela vous intéresse, avait, après un moment, demandé à Louise son cousin, de les regarder sautiller ainsi à l’instar de moineaux sur un toit ?

— Oh ! non. Dois-je convenir que le tennis m’est tout à fait étranger ? En fait de jeux j’en suis demeurée au volant et aux grâces de mon enfance.

— À la bonne heure. Pour ma part je préfère une bonne partie de cheval fondu, de quatre coins ou de balle en posture. C’est français, c’est gai, c’est sans prétentions… Que pensez-vous, cousine, de les semer et de rentrer par le plus long ?

Ainsi avaient-ils disparu.

— Voyez-vous, reprit Claude, j’aime bien mes parents. Mes sœurs, c’est plutôt calme, sauf notre bonne petite Ludivine… Je vénère comme il convient mon clocher… Mais plutôt que de vivre ici, je m’engagerais dans un cirque ambulant. Je m’en trouve même beaucoup trop près. Est-ce que vous vous y amusez, vous ?… Pardonnez ma maladresse… J’entends bien que vous n’avez pas le cœur à des divertis­-