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VEUVAGE BLANC

Est-ce qu’entre Claude et sa cousine il n’y aurait pas eu quelque fleurette ?

Le notaire en demeura tout interloqué.

— Comment l’entends-tu ?

— Comme je le dis. Serait-ce si invraisemblable ? Il est gentil, ton garçon, bien tourné, sympathique. Elle… elle est charmante. Pourquoi donc pas ?

— Mais parce que… parce que mon fils est un honnête homme. N’étant pas mariable, il n’aurait assurément point parlé d’amour à une jeune fille.

— Peut-être espère-t-il se faire rapidement une position là-bas.

— Sous ses apparences de cerveau brûlé, il possède beaucoup trop de raison pour faire état d’un aléa pareil.

— C’est que… à nos âges on l’oublie volontiers… ce polisson d’amour souvent tire à hue quand la fâcheuse raison tire à dia.

— D’accord. Mais ici c’eût été une légèreté coupable… Et tu as eu occasion d’apprécier la droiture de Claude… Tu me l’as dit toi-même : de l’or en barre.

— Je ne m’en dédis pas. Ainsi vraiment, tu n’as rien vu, rien remarqué qui soit pour donner à croire…

— Mon Dieu, les jeunes gens sont jeunes. Ce serait trop leur demander que vivre si près l’un de l’autre sans se regarder peut-être avec des yeux doux. Mais en admettant que mon fils ait éprouvé pour Louise un sentiment plus caractérisé, il aura su s’en taire, j’en mettrais ma main au feu.

— Sans doute, sans doute…

— Car enfin, reprit le notaire, si nous tenons pour incapable d’avoir troublé le cœur de sa cousine au moment même de s’éloigner pour un temps dont la durée lui est inconnue, c’est qu’alors il y aurait eu