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TIMÉE.


DISSERTATIONS

sur le

PREMIER CHAPITRE


Δύο αἰτίας εἶμεν τῶν συμπάντων, νόον μὲν, τῶν ϰατὰ λόγον γιγνομένων ἀνάγϰαν δὲ τῶν βίᾳ ϰαττάς δυνάμεις τῶν σωμάτων. Il y a deux cauſes de tous les êtres, à ſçavoir l’esprit des choses qui ont été faites par la raison, & la néceſſité des choſes qui ont été faites par la force, ſelon la puiſſance des corps. ch. I. § 1.

Ce début de l’ouvrage de Timée de Locres paroit ressembler au ſiſteme de l’harmonie préétablie de Mr. Leibnitz. Car on pourroit ſoutenir que le philosophe grec, ainsi que le philosophe moderne, a prétendu que les loix générales de l’univers ont été établies par une intelligence, & que dans le monde materiel tout ſe fait en conſéquence de ces loix, mais mechaniquement & par nécessité. Le monde eſt comme une montre, dont la compoſition est l’ouvrage d’un ouvrier intelligent, & dont le mouvement s’execute néceſſairement par l’arrangement, que l’ouvrier a mis dans les reſſorts : c’eſt ce que ces mots : τῶν βίᾳ ϰαττάς δυνάμεις τῶν σώμάτων, qui ont été faites par la force ſelon la puiſſance des corps : ſemblent exprimer clairement. Nous trouverons dans la ſuite bien d’autres reſſemblances entre les ſentimens de Timée de Locres & de Leibnitz. Mais il y a cependant pluſieurs endroits où les opinions du philoſophe ancien ſ’éloignent beaucoup de celles du philoſophe moderne : par exemple, il ne faut pas croire que Timée de Locres entende par le mot