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DE LOCRES.

νόος eſprit un Être abſolument immatériel, comme l’a entendu Mr. Leibnitz : car nous avons montré, dans nos remarques ſur Ocellus Lucanus, que jamais les philoſophes anciens n’avoient eu l’idée de la veritable ſpiritualité ; par le mot ἀσώματος ils entendoient une Intelligence, compoſée d’un feu ſubtil, d’une matiere éthérée, ils prouvoient même l’exiſtence de l’eſprit parcequ’il étoit corps ; tout ce qui n’étoit point abſolument corps ne pouvant exister. C’eſt pourquoi les Stoïciens diſoient, que toutes les cauſes étoient corporelles, parcequ’elles étoient eſprit, οἱ Στωιϰοὶ πάντα τὰ αἴτια σωματιϰὰ, πνεύματα γὰρ. Stoici omnes cauſas statuunt corporeas, dicunt enim eſſe ſpiritus. Plut. p. Phil. Et c’eſt ce qui paroit évident par la maniere dont s’exprimoient les premiers Peres de l’Égliſe, qui ſortant des différentes Écoles des philoſophes payens, conſervoient encore quelques unes de leurs opinions ſur la nature divine. Ainsi S. Juſtin Martir diſoit, « toute ſubſtance qui ne peut être ſoumiſe à une autre, à cauſe de ſa legereté, a cependant un corps, qui conſtitue ſon eſſence. Si nous appellons Dieu incorporel, ce n’eſt pas qu’il le ſoit, mais, c’eſt parceque nous ſommes accoûtumês d’approprier certains noms à certaines choſes, pour déſigner, le plus reſpectueuſement qu’il nous eſt poſſible, les attributs de la Divinité… Ainſi, parceque l’eſſence de Dieu ne peut être apperçue, & ne nous eſt point ſenſible, nous l’appellons incorporel. »

Καὶ ϰαθόλου εἰπεῖν, πᾶν ἐνούσιον τὸ ὑπὸ τινος μὴ δυνάμενον ϰρατεῖθαι, σῶμά ἐστι τῷ κϰρατοῦντι αὐτὸ ϰαὶ τὸ θεῖόν φαμὲν εἶναι ἀσώματον, οὐχ ὅτι ἔστιν ἀσώματον. (ἐπέϰεινα γὰρ ἐστιν ὁ Θεὸς τῇ αὐτοῦ οὐσίᾳ, ὥσπις τοῦ σώματος, οὕτως ϰαὶ τοῦ ἀσωμάτον, ὠς ἑϰατέρου τούτων ὑπαρχων δημιουρχός· οὐδὲ ϰαὶ ἐποίησεν