Page:Boyer-d-Argens Timee-de-Locres 1763.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
22
TIMÉE.

diſciples, admettoit deux principes, l’un bon & l’autre mauvais : ſçavoir l’Eſprit & la Néceſſité. L’Eſprit étoit la cauſe de tous les biens, qui ſont dans le monde, & la ſource d’où vènoient les natures intelligibles ; la Néceſlité étoit au contraire la cauſe & l’origine de tout le mal. Par l’Eſprit, Timée entendoit Dieu, & par la Néceſſité, la matiere dont les corps prenoient leur origine. Duas primas cauſas poſuit (Timæus) deum ſive mentem, fontem naturarum intelligibilium, & neceſſitatem ſive materiam corporam ſcaturiginem. Hiſtor. crit. philoſophiæ &c. Jacobi Bruckeri Tom. I. pag. 1127.

Le dogme des deux principes avoit été établi bien longtems avant les Pythagoriciens. « Ariſtote, dit Diogene Laerce, prétend, dans le premier livre de ſa philoſophie, que les Mages ſont plus anciens que les Égyptiens ; il dit qu’ils reconnoiſſoient deux principes, le bon & le mauvais genie ; qu’ils appelloient l’un Jupiter & Orosmade, & l’autre Pluton & Arimane. » Ἀριστοτέλης δ’ ἐν πρώτῳ περὶ φιλοσοφίας μάγους καὶ πρεσβυτέρους εἶναι τῶν Αἰγυπτίων. Καὶ δύο κατ’ αὐτοὺς εἶναι ἀρχὰς, ἀγαθὸν δαίμονα, καὶ κακὸν δαίμονα· καὶ τῶ μὲν ὄνομαι εἶναι Ζεὺς καὶ Ὠρομάςδης. Τῶ δέ Ἅιδης καὶ Ἀρειμάνιος. Ægyptis vero antiquiores eſſe Magos Ariſtoteles auctor eſt in primo de philoſophia libro : duoque ex illorum ſententia eſſe principia, bonum dæmonem & malum ; alterum ex his Jovem & Oresmadem ; alterum Plutonem & Arimanium dici. Diogenis Laertii de Vit. & dogm. phil. proem. p. 8.

Soit que les Mages ſoient plus anciens que les philoſophes Égyptiens, ſoit qu’ils ne le ſoient pas, il eſt toujours certain que les uns & les autres crurent également le dogme des deux principes, & que cette opinion eſt auſſi ancienne, que la premiere connoiſſance que nous aïons de la philoſophie. « Il eſt impossible,