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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/108

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aventure, sur la simplicité d’une femme, dont il a été le témoin oculaire. Dans la Franche-Comté [1]), on avoit enterré un prêtre [2], membre d’une société entiérement opposée aux danseurs dont je viens de te parler.

On l’avoit accusé pendant sa vie d’avoir rendu une fille démoniaque, pour avoir le moyen de l’abuser. L’affaire ayant été portée pardevant un tribunal souverain, il fut renvoyé absous. Ses ennemis dirent que la protection l’avoit tiré d’affaire, mais quant à moi, je t’avouerai, qu’après m’être informé du fait, j’ai cru que c’étoit un tour que lui avoient joué les cabrioleurs, dont il étoit ennemi déclaré. Ses confrères étoient tous au désespoir de l’éclat qu’avoit fait ce procès. Pour réparer après sa mort, le mal qu’il leur avoit causé pendant sa vie, ils résolurent de lui faire expédier un brevet de canonisation de la première classe. Il leur étoit très-facile d’en venir à bout par le crédit qu’ils ont auprès du souverain pontife, mais il falloit quelque miracle qui pût ôter le préjugé où l’on étoit à son désavantage.

Une femme qui avoit perdu la vûe depuis quelques mois, faisant brûler des cierges & de l’encens à l’honneur de

  1. Dole. Pages a78 & a79
  2. Le pere Girard, jésuite.