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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/113

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Enfin, le parti de la cour ayant pris le dessus, on exila les novateurs du royaume. L’état aima mieux perdre le quart de ses sujets, & voir passer son or & ses manufactures dans les pays étrangers, que de permettre de prier Dieu en françois, & de manger du mouton le samedi. On crut que désormais l’union regneroit : mais à peine ces citoyens eurent-ils été proscrits, que d’autres ont été regardés comme de nouveaux novateurs. Ils sont en grand nombre ; & si on vouloit se servir du même reméde qu’on employa pour détruire les premiers, le royaume seroit bien-tôt comme un homme, que de trop fréquentes saignées ont fait tomber dans la phtisie. »

Mon cher Isaac, ne semble-t-il pas que le dieu de nos peres prenne le soin de nous venger des nazaréens & des infidèles ? S’il permet que nous soyons dans la captivité, & que nous essuiyions le joug de ces fiers tyrans, il répand sur eux l’esprit de perversion & de vertige, pour nous montrer par leurs erreurs, la vérité de cette loi, que Dieu donna lui-même à Moïse.

Je ne sçais si tu as jamais fait réflexion aux persécutions mutuelles que les nazaréens se font entr’eux.

Pour moi, j’ai toujours