Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/154

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faveurs. Il entendit une partie du bruit ; & elle comprit aussi que les gens qui étoient auprès d’elle ne perdoient pas le temps en discours frivoles. Deux ou trois personnes, qui se promenoient dans le jardin, s’étant approchées du lieu où se passoit cette scène, interrompirent les acteurs, & les forcerent à changer de place. Quelle fut leur surprise, lorsque les deux amans reconnurent qu’ils s’étoient rendu le réciproque, & que la femme de l’un étoit la maîtresse de l’autre ! Dans leur premier mouvement, ils ne purent assez se contraindre, pour que des gens qui les écoutoient, sans en être vus, ne fussent au fait de leur aventure, qu’ils rendirent publique le lendemain. Les infortunés maris n’en arrêterent le cours qu’en dissimulant parfaitement leur dépit, & en se consolant en eux-mêmes de ce qu’ils s’étoient vengés par la loi du talion.

Porte-toi bien, mon cher Isaac… On dit ici qu’Osman bacha [1] est mort.

Écris-moi, je te prie si cela est vrai, & les particularités du trépas d’un homme aussi extraordinaire.

De Paris, ce…

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  1. Ci-devant comte de Bonneval.