Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/153

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de Turenne ne peut avoir de courage. Il gémit au siege de Philipsbourg : il traite cette place de bicoque ; & pense que la plus grande puissance du roi consiste dans la compagnie d’invalides.

Il est un troisieme jardin [1], moins fréquenté aujourd’hui, qu’il ne l’étoit lorsque le duc-régent vivoit.

L’Amour, les Ris & les Jeux y avoient élu leur domicile. Il se passoit peut de jours qu’il n’y arrivât quelque aventure préjudiciable à l’honneur des maris. L’Amour y faisoit perpétuellement la guerre à l’Hymen. On m’a raconté une plaisante histoire à ce sujet. Plusieurs particuliers ont dans leurs maisons des portes qui donnent entrée dans ce jardin. Un amant s’étoit caché dans un endroit écarté. Il attendoit sa maîtresse qui lui avoit promis d’aller le rejoindre pendant la nuit, sous prétexte de prendre le frais. Elle lui tint sa promesse, & se servit de cette excuse auprès de son mari, pour pouvoir s’absenter après le souper. Il y consentit d’autant plus volontiers, qu’il avoit lui-même un rendez-vous dans le même jardin. Peu après qu’elle fut partie, il alla trouver sa maîtresse. L’endroit qu’il choisit pour amortir ses feux, n’étoit pas éloigné celui où sa femme prodiguoit ses

  1. Le Palais royal.