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Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/174

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principe abominable, dit-il, [1], renverse de fond en comble la société humaine.

On ne sauroit condamner avec trop de chaleur & trop de véhémence un sentiment dont les suites ont été si souvent pernicieuses au monde entier. Les plus grands malheurs dont les états ont été affligés, n’ont eu ordinairement d’autre source que la dangereuse croyance qu’il étoit permis de s’emparer du bien des infideles, & de les forcer à changer de religion. Sur quoi fonda-t-on le massacre affreux de la Saint-Barthelemi si ce n’est sur cette pernicieuse maxime ? Combien tous les gens de probité ne se sont-ils pas récriés contre les théologiens qui avoient animé l’esprit des peuples par leurs discours séditieux ? Combien n’ont-ils pas détesté les libelles, les prédications & tous les ouvrages sortis de la plume des ligueurs. Cependant tous ces ouvrages-là ne renferment que le même principe, soutenu avec tant de vivacité par Augustin. Les prédicateurs modernes n’y disoient, ou plutôt ne faisoient que paraphraser les discours des docteurs anciens. Ils prétendoient qu’on ne devoit point reconnoître Henri IV, pour roi, & qu’on devoit exterminer ses partisans.

  1. Barbeyrac, préface du Droit de la nature & des gens, pag. xxxvj.