Dans toutes les religions, les théologiens sont de simples mortels, par conséquent des créatures foibles, qui sont la dupe d’elles-mêmes, & le jouet de leurs passions.
Les seuls philosophes peuvent en écrivant éviter de tomber dans certains excès. Comme ils dirigent leur esprit avec le sens-froid d’une personne qui cherche à convaincre par la raison, & non par la violence & par l’autorité ; si la vivacité & l’amour-propre les portent à quelques écarts, ils reconnoissent bien-tôt leurs fautes ; ils corrigent leurs saillies, & retournent dans le bon chemin, éclairés par la lumiere naturelle que Dieu a accordée aux hommes pour leur servir de guide, & que les philosophes consultent toujours avec beaucoup de soin. Il faut donc, mon cher Monceca, distinguer dans les anciens docteurs nazaréens, le théologien & le philosophe. Lorsqu’ils ont écrit des matieres de controverses, ils ont fait ce que font encore les écrivains de ce tems. Lorsque les raisons leur manquent, ils tâchent de dénigrer leurs adversaires ; ils donnent le nom, de zele, saint & pieux à leur bile, & ils déchirent pour la plus grande gloire de Dieu, la réputation de ceux contre lesquels