Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/179

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ils écrivent. C’est ainsi que le ministre Jurieu a agi dans ces derniers tems à l’égard d’Arnaud et de Bayle ; & c’est ainsi qu’agit autrefois Jérôme envers Ruffin.

Mais quand les anciens docteurs ont traité des matieres philosophiques, qu’ils ont raisonnés sans être emportés par leur passion, ils ont souvent égalé la gloire des plus grands hommes.

Pour être convaincu de cette vérité, il ne faut qu’examiner avec quelque attention les écrits d’Augustin. Ceux où il parle en philosophe, sont aussi beaux que ceux, dans lesquels il agite des matieres de controverses, sont remplis de sophismes & de principes contraires à la bonne morale, au nombre desquels est celui qu’il établit lorsque les disputes qu’il eut avec les Donatistes, l’eurent mis de mauvaise humeur. Il soutint qu’il falloit exterminer les hérétiques. S’il n’étoit parvenu à la postérité que certains écrits de ce docteur nazaréen, je le regarderois comme un homme digne de l’estime, & même de l’admiration des plus grands philosophes. Les Descartes, les Mallebranches, les Lockes lui sont redevables de plusieurs idées ; & les choses qu’ils ont emprunté de cet Africain, ne sont pas les moins brillantes de leurs ouvrages.