Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/186

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les mêmes choses que Locke. Il les a exprimés véritablement d’un style moins précis, & moins philosophique.

J’ai demandé à la terre, dit-il, si elle étoit mon Dieu ? Elle m’a appris qu’elle n’étoit qu’une simple créature, sujette à la corruption, aux changemens. Tous les êtres qu’elle contient m’ont dit la même chose. La mer & les animaux qu’elle renferme, l’air & les oiseaux, le soleil, la lune, les étoiles m’ont donné une semblable réponse. « Nous ne sommes que des êtres, créés ainsi que toi par un premier moteur. Si tu veux trouver la divinité, remonte jusqu’à la source & à l’origine de toutes les choses. [1] »

Le témoignage de l’univers entier me fait donc connaître l’existence d’un Dieu tout-puissant. En considérant les créatures, je vois qu’il est évident que tout être, tire aussi d’un autre tout ce

  1. Interrogavi terram, si esset Deus meus ? & dixit mihi quod non ; & omnia quae in ea sunt, hoc idem confessa sunt. Interrogavi mare, & abyssos, & reptilia, quae in his sunt, & responderunt : « Non sumus Deus tuus ; quaere super nos : Interrogavi stabilem aerem & inquit universus aër cum omnïbus incolis suis : Fallitur Anaximenes, non sum ego Deus tuus. Interrogavi caelum, lunam & stellas : Neque nos sumus Deus tuus, inquiunt. August. Soliloq. lib. cap. 31. num. 4