Page:Boyer d’Argens - Lettres juives, 1754, tome 1.djvu/187

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qu’il a. L’existence des créatures est une preuve convaincante de celle de la divinité, & une attestation qu’on ne peu rejetter pour me servir des termes d’Augustin. [1].

Voyons à présent la ressemblance des preuves de ce docteur avec celles de Locke sur la nécessité de la création de la matiere par un être intelligent & spirituel : je commence par les objections de ce dernier : D’autres s’imaginent, dit-il, que la matiere est éternelle, quoiqu’ils reconnoissent un être éternel, pensant & immatériel… Il faut, disent-ils, reconnoître que la matiere est éternelle. Pourquoi ? Parce que vous ne sauriez concevoir comment elle pourroit être faite de rien ? Pourquoi donc ne vous regardez-vous point aussi vous-même comme éternel ? Vous répondrez que c’est peut-être à cause que vous avez commencé d’exister depuis vingt ou trente ans… Mais si je vous demande ce que vous entendez par ce vous

  1. Et dixi omnibus his quae circumstant fores carni meae, Dixistis mihi de Deo meo, quod vos non estis, dicite mihi aliquid de illo. Et clamaverunt omnes voce grandi, Ipse fecit nos. Interrogavi denique mundi molem. Dic mihi si es Deus meus an non ? Et respondit voce forti ; Non sum, inquit, ego ; sed per ipsum sum ego. Quem quaeris in me, ipse fecit me… Interrogatio creaturarum profunda est consideratio ipsarum : responsio earum attestatio ipsarum de Deo. Augustin. Soliloq. lib, cap. 225.